Un visiteur à longues oreilles

Les portes du saloon grincent et révèlent une silhouette à contre-jour, ombre chinoise ou plutôt mexicaine, car drapée dans un pancho coloré - quoique la pénombre ne permette pas encore de distinguer ce détail - et coiffée d'un (trop ?) grand sombrero. Les regards se tournent vers l'inconnu, le temps semble se suspendre. On entend une mouche voler, et le tic tac de la pendule qui égrène les secondes comme un robinet mal fermé égrènerait ses gouttes d'eau. Le temps, ce n'est pas de l'argent, c'est un robinet mal fermé. Seul la poussière prise au piège d'un pinceau de lumière poursuit son balai dans la pièce enfumée. La silhouette fait trois pas, dans la lumière.

Bonjour la compagnie !

J'ai vu de la lumière, alors je suis entré. Dites, vous avez de l'alcool ici ? C'est pour le bar à cocktail sans alcool du tribunal d'Ulüngen.

*Un bruit sourd se fit entendre de l'autre côté du contoir...*

Grrmmll....*burp*... putain... *cling*geling*

*Le bruit de bouteilles vides roulant sur le sol se fit entendre et, après quelques secondes, une silouette sembla se désiner dans l'ombre de la pièce. S'accoudant au bar avec difficulté, un rayon de lumière découvrit le visage d'un homme quelque peut amoché.*

Ha non, pas d'espagnol ici ! Tu veux notre alcool ? Alors viens le chercher pequino pito !

*L'homme sorti son sabre de son foureau et tituba vers le nouvelle arrivant. Arrivé à ses côtés, il reconnut le membre de sa nation.*

Ha c'est toi, putain fallait le dire avant. Quelques secondes de plus et j'aurrait fait des rondelles de toi et ton sombrero.
Tu veux quoi au fait ? Et y'a quoi dans un bar à cocktail sans alcool ?

*Johannes retire son sombrero pour saluer l’homme venu à sa rencontre.*

Bonjour, monsieur Cornelis.

C’est une très bonne question, que les plaignants et les accusés de la cour ne posent jamais.

*Sautille jusqu’à une table, où il prend place, après avoir lancé son sombrero à travers le bistrot jusqu’à un porte manteau en bois sombre.*

J’ai du jus de fruits tropicaux, mangue, ananas, papaye, goyave, grenadille, cerise des Barbades, lait de coco, des oranges et des citrons cueillis du matin, gorgés de soleil, ainsi que des épices, cannelle, gingembre, piment, fenouil, et du jus de tomate et du jus de carotte, du cacao pour mademoiselle Wildekat, du café égyptien, du thé des Indes orientales, tout ce que l’on peut trouver de plus désaltérant et délectable sur cette île !

*Les yeux du jeune juge brillent de gourmandise lorsqu'il achève sa tirade, debout sur sa chaise, vibrant de conviction.*

Un homme apparait dans l'ombre. On ne discerne pas ses traits. Il s'approche puis soudain son visage est visible, la lumière venant de la fenêtre éclaire son visage. Son teint est pâle et il a des cernes très prononcés. Celui-ci s'approche du jeune juge est lui dit.

Pourquoi venir de si bon matin? Votre visite me fait plaisir mais tout de même. J'aime prendre mon temps le matin.


Petite crise de toux, celui-ci avance lentement vers un fauteuil et si installe tranquillement. Un verre de vin rouge est posé sur une petite table à côté du fauteuil. Smaragd s'en saisit puis en bois une gorgé et reprend.

Alors qu'est-ce qui nous vaut le plaisir de votre visite?

Johannes jette un œil en direction de l’ouverture par laquelle Phoebus, déjà haut dans le ciel, déverse ses rayons d’or liquide, qui caressent la poussière d’argent du troquet à l’agréable pénombre, sans parvenir à l’inonder de clarté. L’heure est déjà avancée.

Monsieur Smaragd, vous avez une vilaine toux. Et quelle mine ! On dirait que vous n’avez pas dormi depuis des nuits. Qu’est-il donc arrivé de si grave pour que vous perdiez le sommeil ?

Oh, pour ce qui est de ma visite, simple courtoisie !
Accessoirement, j’espérais repartir avec une ou deux bouteilles de rhum ou de téquila, pour le bar à cocktail sans alcool de la cour de justice.

Regarde le jeune juge puis lui répond.

J'ai une blessure qui cicatrise mal. J'ai beau m'en occupé, elle continue de s'infecter. Ce qui fait que mes nuits sont quelques peu troublé, et que le sommeil m'est difficile à avoir. Mais pour ce qui est de l'alcool je vous conseil de prendre quelques bouteilles avant que les autres ne s'acharnent dessus. Bien que la justice se doit d'être sobre, j'accepte que vous en preniez quelques. Ils sont tout simplement au bar comme vous pouvez le constater sans mon aide. D'où sort cette vieille loque de Cornelis qui a encore trop bu.

Fait un sourire attendrissant en regardant Cornelis.

*S’assombrit.*

Ce que vous dites là m’inquiète, Smaragd. Permettez-vous que je jette un œil à cette vilaine blessure ? *Sans laisser à Smaragd le temps de répondre* J’ai connu un corsaire qui avait été mordu au genou par une araignée, et s’est contenté de verser un peu d’eau croupie et de nouer un bandeau crasseux sur sa blessure, et bien figurez-vous qu’une semaine plus tard, son genou avait doublé de volume, puis la plaie est devenue purulente et pour finir, nous avons dû l’amputer !

Bien sûr, rien n’indique qu’il s’agisse de la même chose dans votre cas, je ne voudrais pas être alarmiste. Ce pourrait être un serpent ou un scorpion, qui vous aurait mordu au coude ou piqué au talon ...

*songeur*

*Cornelis écouta attentivement la liste de tous les ingrédients énumérés par le visiteur au sombrero. Mais plus la liste avançait, plus il fronçait les sourcils et finit même par tirer la langue au bout de quelques instants.*

Pouah ! Du jus de carotte ?! Par l'entrecuisse poilu d'la Nonne, mais qui peut bien boire tout ça.
J'veux bien croire qu'on ne peut pas vivre seulement d'alcool et d'femme fraîche, mais d'là à s'empoisonner l'système comme ça, faut vraiment être tombé sur la tête.

*Se tourne vers Smaragd en entendent ses propos.*

Ouais c'est ça. Tourne-moi en ridicule devant les invités. Pfff la dernière fois qu'j'avais mis l'crochet sur une p'tite à la cuisse légère, il a failli tout gâché en affirmant qu'm'on ignorance n'a d'égale qu'les bouteilles vides laissées dans mon sillage...
J'ai p't'être pas tout compris, mais j'vois bien qu't'es jaloux Mouhahaha...ha...ha...

*Voyant que personne ne rit, Cornelis se leva et se dirigea vers le bar*

C'est bon, j'vais te chercher une bouteille ou deux. Mais faudra qu'tu m'invites au tribunal quelques fois.

Ecoute le jeune juge puis dit à son tour.

Je suis médecin, je sais très bien qu'il ne faut pas mettre d'eau croupi sur une plaie... Mais j'ai essayé avec mes onguent mais cela n'a pas eu l'effet habituel... Je ne sais pas ce que fais Ruudy avec sa lame mais en tout cas ça reste bien.

Montre sa cicatrice au niveau du ventre et on peut voir un début d'infection de la plaie.

Vous voyez là encore je l'ai nettoyé, mais ça ne cesse de s'infecter.

Palpe un peu la plaie pour en extraire le pu en faisant une grimace de douleur au contact de la plaie, sort ces onguent et en étale sur la plaie tout en écoutant Cornelis.

Nulle jalousie ne demeurait dans mes paroles, seulement un peu de taquinerie, enfin de l'humour fraternel... euh...

Remarquant qu'il ne dit rien de bien intéressant celui-ci se tût directement.

Johannes suit des yeux Cornelis, qui l’a un peu vexé avec ses réflexions désobligeantes sur la carte du bar à cocktail de la cour de justice d’Ulüngen, qui fait la fierté du jeune juge. Les rodomontades du soiffard le laissent dubitatif.

Il me faudrait du rhum et de la téquila, monsieur Cornelis. Ah, et si vous aviez de l’eau-de-vie, aussi !

Johannes reporte son attention sur Smaragd, qui lui montre sa blessure au ventre.

Hmmm… La plaie n’est pas jolie. Avez-vous essayé de la désinfecter avec du rhum ?

Il faut demander aux infirmières de Van Good. Je ne sais plus trop ce qu'il se passait, tout était flou. Je perdais pas mal de sang. Ma foi ça ne peut que s'améliorer maintenant.

*Soucieux*

C'est là que vous faites erreur, la plaie ne semble pas cicatriser, et risque de s'infecter ! Peut-être le démon est-il à l'oeuvre... Nous allons essayer le rhum. L'alcool saoule les mauvais esprits, c'est bien connu.

*Se retourne vers le comptoir*

Cornelis, alors, ce rhum, ça vient ?

*hurlante*

Une saignée !! Il faut faire une saignée !! Laissez le malin partir !

*Après un bon moment derrière le contoir, on peut soudainement y entendre une voix chancelante émanent d'un coin sombre*

J'arr...*hic* j'arrive ! J'termine ma... heu... j'arrive quoi *hic* y'a pas l'feu !

*Cornelis revins enfin vers Johannes avec quelques bouteilles sous les bras*

Etttt voilà ! Du rhum *hic* d'la téquila et d'l'eau de vie. On devrait vérifier si elle sont encore bonne héhé...*hic* juste un verre histoire de faire un contrôle de qualité. Allez sert toi !

*Sursaute en entendant hurler Héléna*

Hey on se calme ! Non mais... viens donc plutôt ici prendre un verre avec nous ma jolie.

Merci pour ce don à la cour de justice, monsieur Cornelis.

*Dispose trois verres sur le comptoir, et sert à tout le monde de la téquila.*

Saviez-vous que la Téquila était distillée à partir de l'agave bleue, aussi connue sous le nom d'agave tequilana ? Vous savez ! Ces plantes succulentes aux feuilles épaisses, qui se terminent par une pointe acérée. A ne pas confondre avec les aloés, qui ne poussent que sur le continent africain. Ce sont les espagnols qui ont introduit le procédé de distillation aux Amériques, tout récemment d'ailleurs, procédé qu'ils tiennent eux-même des arabes.

*Bondit au plafond quand Helena entre en hurlant.*

Miss Helena, c'est vous ! Vous m'avez fait peur !

*Cherche un quatrième verre, donne un coup de chiffon, et sert une nouvelle téquila, tout en étant absorbé par ses pensées.*

Hmm... Je dois pouvoir me procurer un bocal de sangsues...